En quelques années seulement, le dipladenia est devenu l’une des plantes les plus vendues dans le commerce. Un succès qu'il doit à sa longue floraison spectaculaire et colorée, son petit air exotique, son improbable résistance à la sécheresse et sa facilité de culture. Des qualités incontestables qui ont fait de cette liane tropicale d'origine très lointaine, une valeur sûre de nos balcons et terrasses. Il n’en reste pas moins que pour bien cultiver cette nouvelle star, il faut apprendre à la connaître, d'autant qu'elle existe sous plusieurs formes et deux appellations qui prêtent à confusion : dipladenia et mandevilla. A travers ce grand dossier, partons à la rencontre de ce fameux dipladenia.
Trois nuances de dipladenia (Image: Office hollandais des fleurs)
Bien qu'il existe plusieurs centaines d'espèces de dipladenias, toutes originaires d'Amérique du Sud, Le dipladenia classique que l'on trouve à foison dans les jardineries et chez les fleuristes, c'est-à-dire celui que vous avez acheté, c'est le Dipladenia sanderi qui a été décliné en de nombreux cultivars par les horticulteurs. Issu de sélections méticuleuses et traité à grands coups de ralentisseurs de croissance, ce dipladenia n'est pas vraiment représentatif de l'espèce, en tout cas en terme de développement et de comportement. S'il a gardé des vieux réflexes de la liane qu'il est à l'état sauvage (il développe des tiges plus ou moins volubiles capables de s'enrouler autour d'un support), les versions les plus vendues sont des variétés au mieux semi-grimpantes, sinon buissonnantes, compactes, voire nannifiantes, tournées vers la production maximale de fleurs.
Ceux qui veulent en savoir un peu plus sur cette plante peuvent cliquer sur le lien ci-dessous. Ceux qui veulent s'en tenir aux conseils de culture, suivez nous à la ligne.
Origines et caractéristiques des dipladenias
Le Dipladenia sanderi, ou jasmin du Brésil, est originaire de la région de Rio de Janeiro, une zone à la croisée d’influences tropicales, subtropicales et océaniques où la saison hivernale est marquée mais clémente. Ce mélange des genres procure à cette espèce une relative flexibilité quant aux conditions de culture qu’elle peut endurer, ce qui l'adapte, en saisons, à de nombreuses zones de cultures à travers le monde et le rend mondialement "bankable". A force de sélections toujours plus axées sur la floribondité (capacité à fleurir), il a été transformé en un buisson volubile de milieu ouvert (et lumineux) à l'inverse de la liane de sous-bois qu'il est à l'état sauvage. En effet, dans la nature, le Dipladenia sanderi est beaucoup moins luxuriant, puisqu'il émet des fleurs éparses le long de tiges relativement dénudées.
Le très classique Dipladenia sanderi, semi-grimpant à fleurs rouges - (Image : J. Opioła-Wikimediacommons)
Arretons-nous maintenant sur l'un des aspect les plus flous de cette plante phénomène : sa dénomination. On le retrouve effectivement sous deux appelations distinctes : dipladenia et mandevilla sans qu'il soit bien évident de comprendre la différence.
En réalité il n'y en a pas, puisque mandevilla et dipladenia sont botaniquement considérés comme des synonymes. En revanche, les horticulteurs ont tendance à nommer "dipladenia" les espèces buissonnantes et "mandevilla" les espèces grimpantes. Il s'agit essentiellement d'une distinction commerciale sans justification botanique, destinée à simplifier les achats. Nous garderons ici cette distinction qui facilite effectivement la compréhension.
Retenez pour l'essentiel que la plante que vous avez chez vous, est un dipladenia et qu'il n'est que semi-grimpant ou alors simplement buissonnant.
Mandevilla amabylis : avouez que la plante ne ressemble pas à celle que vous avez chez vous... - (Image: claudinodebarba-Flickr)
Selon les cultivars (ou variétés) outre la couleur des fleurs, le comportement de la plante peut différer, notamment en ce qui concerne la rapidité de croissance et l'encombrement. Certaines variétés naines ne dépassent pas 45 cm de hauteur quand d'autres semi-grimpantes peuvent atteindre 150 à 200 cm ! D'où l'importance de connaitre le nom du cultivar que l'on achète afin de ne pas avoir de mauvaise surprise. Ce n'est, hélas, pas toujours possible car dans les jardinieries les étiquettes sont souvent assez vagues. Cela dit, heureusement, les exigences de culture sont sensiblement les mêmes pour tous.
Un dipladenia, nommé mandevilla, sans mention de la variété. Le coup classique... - (Image: Bio Jardin Services)
Dans la nature, le "Dipladenia sanderi est un habitué des ambiances humides mais des sols drainants, où l'eau ne stagne pas (anfracutosités entre les rochers, sols sableux...), ce qui peut paraître contre-intuitif quand on parle d'une plante sub-tropciale. Il est porté par des racines qui ont rapidement tendance à se tubériser, c'est-à-dire devenir en partie épaisses et charnues. Elles constituent alors une réserve d'eau et d'énergie importante, accumulée durant les périodes fastes, sur laquelle la plante peut compter en cas de disette et de sécheresse. Cette caractéristique le rend relativement résistant à la sécheresse. Cette résistance est particulièrement remarquable eût égard aux nombres de fleurs qu'il est capable de continuer à arborer malgré le manque d'eau apparent. En effet, habituellement, le premier réflexe d'une plante qui souffre de stress hydrique, c'est de se débarrasser de ses fleurs. Grâce à ses tubérisation racinaires, le dipladenia n'arrive que très lentement au stade alarmant.
Si les dipladenias compacts restent plutôt sages et bien dressés sur leurs tiges lignifiées, les variétés buissonnantes ou semi-grimpantes émettent de nombreuses tiges fines et souples qui s’entremêlent joyeusement en d'informes chignons, un peu comme les ipomées. Elles finissent par former un sac de nœuds fragile dans sa partie supérieure, qu’il est bon de guider de temps en temps vers le tuteur lorsqu’elles s’en éloignent un peu trop. Faute de quoi, les tiges, trop frêles pour tenir toutes seules debout, retombent en cascade vers le sol... ce qui n'est pas dénué de charme non plus.
Comme chez son cousin le jasmin étoilé, le feuillage du dipladenia, est luxuriant, épais, coriace, lustré, d’un beau vert brillant qui lui confère une allure exotique. Les feuilles, opposées sont lancéolées (en forme de lance), sont parcourues en leur centre par une nervure marquée.
Détail des feuilles du dipladenia (Image : Kim-Starr-Wikimediacommons)
Les fleurs, nombreuses, se succèdent durant près de six mois. De quatre à cinq centimètres de diamètre, elles sont réunies en grappes portées par une hampe qui part de la tige à l'aisselle des feuilles. On distingue souvent sur la même grappe, des fleurs en boutons, des fleurs épanouies et des fleurs fanées. La plante est auto-nettoyante, ce qui veut dire que les fleurs fanées tombent automatiquement au sol sans monter à graines. Il n'y a donc pas de fleurs fanées à tailler, comme chez le rosier par exemple. C'est toujours une économie de main d'oeuvre... Et c'est tant mieux car il n'est pas rare qu'en pleine période végétative, les gros dipladenias buissonnants étalent une cinquantaine de fleurs en même temps.
Détail de l'insertion des grappes de fleur (Image: Alex-Popovkin-Wikimediacommons)
En forme de trompettes, ouvertes ou étroites, les fleurs, facilement reconnaissables, comptent cinq pétales légèrement pointus qui se chevauchent plus ou moins, un peu comme une hélice de bateau. Les cultivars modernes ont déclinés l’espèce en coloris vifs, avec toute la gamme des rouges, de roses, de jaunes, ainsi que le blanc dont l’éclat tranche avec le feuillage vert foncé et brillant qui leur sert d’écrin. La longue floraison, qui s’étale de la fin du printemps jusqu’aux premières gelées de l’automne sans discontinuer, fait du dipladenia une valeur sûre en terme décoratif. Quant à l’appellation de jasmin du Brésil ou du Chili, selon les espèces, elle en dit long, et à juste titre, sur la puissance et la qualité du parfum qui en émane. Cependant le Dipladenia sanderi que vous avez chez vous, n'est pas le plus odorant d'entre eux, loin de là. Dommage !
Une variété de dipladenia à fleur rouge panachée de blanc. La grande classe... (Image: F.Rosella-Wikimediacommons)
Lorsqu'il est cultivé dans la maison, le dipladenia ne connaît pas de ravageurs spécifiques en dehors de ceux qui s’attaquent habituellement et sans distonction aux plantes d’intérieurs (araignées rouges, aleurodes, thrips, cochenilles). Dehors, il arrive qu'il soit visité par les pucerons jaunes avides des jeunes pousses, comme le rosier ou le laurier-rose. Côté maladie, c’est le botrytis, grand compagnon des ambiances chaudes et humides des serres qui menace le plus. Enfin non... ce qui menace le plus le dipladenia, ce sont les sols mal drainés et gorgés d'eau, les soucoupes pleines d'eau sous les pots, qui asphyxient les racines et font mourir la plante à une vitesse ahurissante.
En haut à gauche, petite attaque de pucerons jaunes, la routine quoi ! (Image: Bio Jardin Services)
Porté par ses racines charnues gorgées d'eau et de nutriments, le dipladenia est un solide gaillard dont la réputation de résistance à la sécheresse n'est pas usurpée. Disons qu'une semaine sans arrosage, même en plein été, ne lui fait pas peur. Cela ne l'empêche ni de fleurir ni de se porter comme un charme. Cela dit, ce n'est pas une plante chameau, encore moins un cactus, et il a besoin, en cas de sécheresse prolongée, d'un petit arrosage de temps en temps pour ne pas entrer en stress hydrique et perdre ses fleurs.
Le Dipladenia sanderi reste une plante qui supporte mal le froid prolongé, soit environ - 5°C. De manière générale et un brin restrictive, on considère l'espèce comme étant gélive, à réserver pour la culture en pot. La culture pérenne en pleine terre est quant à elle l'apanage exclusif des zones littorales où les hivers sont doux et la vie est belle. Néanmoins, il existe une troisième voie qui consiste à le cultiver en pleine terre, y compris dans les régions froides, comme on le fait avec une plante annuelle, en acceptant le risque quasi certain de le voir mourir durant l’hiver. Dans ce dossier, nous allons prendre le temps de faire le tour de ces trois possibilités culturales.
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