Cultiver le dipladenia en pleine terre

Le dipladenia est une plante relativement gélive qui ne résiste pas bien au froid. On ne peut donc pas le cultiver en pleine terre de manière pérenne en dehors des zones littorales où les hivers sont doux. Toutefois, ailleurs, rien n’empêche de le cultiver comme une plante annuelle, que l’on met en terre au printemps et qui mourra à la fin de l’automne, comme on le fait avec le zinnia, l'oeillet d'Inde ou le cosmos.

 

Dipladenia : en liberté en pleine terre

Bonne sève ne saurait mentir. Originaire des régions tropicales et subtropicales d’Amérique du Sud où il ne gèle jamais, le dipladénia, hormis quelques espèces originaires des contreforts de la cordillière des Andes, n’est pas une plante qui brille par sa rusticité. Au contraire, c'est un amateur de chaleur et de moiteur qui stoppe sa croissance sitôt que les températures descendent sous les 10°C, et meurt quand le thermomètre atteint -5°C, voire même un peu moins lorsque l'emplacement est exposé aux vents ou que le sol n’est pas bien drainé. À ce titre, il est difficile d’envisager de le cultiver d’une année sur l’autre si l’on n’habite pas au bord de la mer. Ah ! La douceur du littoral où le dipladenia fait d'autant plus merveille qu'il supporte plutôt bien les embruns et les ambiances marines, et se mêle aisément aux ambiances exotiques des jardins hors gel du bord de mer.

Cela dit, dans les régions soumises aux hivers froids, rien n’empêche de planter le dipladenia en pleine terre comme on le ferait avec une plante annuelle. L’intérêt est que, comme toutes les plantes, il pousse mieux et plus vite dans la terre où il ne connait pas de limites, que dans le faible volume d'un pot où il se trouve entravé. Il peut étaler son système racinaire à sa guise, s'enfoncer profondemment et ainsi puiser généreusement dans les réserves d’eau et de nutriments du sol, ce qui le rend beaucoup plus vigoureux et autonome. En contrepartie, il faut accepter le risque quasi certain de le voir mourir et définitivement disparaître dès l’arrivée des premiers coup de gel un peu piquants de la fin de l’automne, comme les fleurs annuelles du jardin.

 

Dipladenia en jardinière

Dans une jardinière extérieure inamovible, le dipladénia ne peut pas être hiverner, il est donc comme en pleine terre (Image: Ellie-Enking-Flikr )

 

Quel emplacement pour le dipladenia en pleine terre ?

Sur ces terres d’origine, le dipladenia est une liane volubile plus ou moins grande qui germe au pied des arbres le long desquels il s’empresse de grimper pour atteindre la canopée et le plein soleil nécessaire à l’étalement de ses nombreuses fleurs. Même si dans le commerce, les cultivars qui ont été obtenus par les horticulteurs se sont un peu affranchis de cette caractéristique fondamentale (il existe de nombreuses espèces buissonnantes), il ne faut jamais le perdre de l’esprit. Ainsi, si les fleurs ont grand besoin de soleil, le pied gagne à rester à l’ombre. Mieux vaut donc éviter de dégarnir le pied de la plante en coupant les feuilles basses.

Dans les régions les plus méridionales où le soleil est plutôt agressif durant l’été, il ne faut pas hésiter à opter pour un emplacement semi-ombragé, de manière à soustraire la plante aux rayonnements intenses du début d’après-midi. On peut parfaitement l’associer à un arbre portant une ombre diffuse, comme c'est le cas à l'état naturel. Cela dit, lorsqu'il est placé à exposition trop ombragée le dipladenia retrouve ses vieux réflexes de lianes volubiles. Les tiges s'étirent, l'ecart entre les étages de feuilles augmentent et puisqu'elles naissent à l'aisselle de celles-ci, le nombre de fleur se réduit. La plante prend alors un aspect plus frêle, et disons le tout net, moins joli.

En dehors des zones littorales, privilégiées à plus d'un titre, étant donné sa faible rusticité, mieux vaut placer le dipladenia à l’abri des vents dominants qui risquent d'amplifier les effets du froids et raccourcir son espérance de vie à partir de l’automne. Accolé à un mur exposé au sud ou à l'est, bien protégé des vents, ou sous le couvert (relatif) d’un arbre, on augemente ses chances de résister au froid.

 

Dipladenia en terre pauvre

Mandevilla isolé en sol visiblement pauvre et sec à Ténérife (Image: M.Peel-Wikimediacommons)

 

Quel type de sol pour le dipladenia ?

Plante de milieux tropicaux et subtropicaux, la plupart des espèces de dipladenia apprécient avant tout les sols humifères, frais, légers et drainants. C’est là son substrat de prédilection dans lequel il exprimera toutes ses qualités florifères. Néanmoins, il s’adapte à beaucoup de situations, et dès lors qu’on lui fournit eau et engrais lorsque le sol en manque, les terres ordinaires ne lui font pas peur. Toutefois il n’est pas très à son aise dans les terres calcaires où son feuillage pourrait jaunir. De même, les terres argileuses et compactes, auront tendance à asphyxier ses racines, à limiter son développement et à lui donner le même aspect.

Il est donc important d’offrir au moment de la plantation de quoi assouvir ses besoins immédiats afin de permettre une reprise rapide et vigoureuse : un large trou rempli d’un mélange de terreau et de compost mûr. Ajoutez à cela un tiers de gravier, ou mieux, de pouzzolane si votre terre est argileuse, de manière à assurer un bon drainage, retenir l'humidité résiduelle et limiter le compactage. Un lit de gravier de cinq centimètres d'épaisseur au fond du trou permettra d'éviter (un temps seulement) que les racines ne baignent dans l'eau stagnante en cas de forte de pluie

Dès que possible, le sol doit être couvert d’un épais paillage organique (au moins dix centimètres) de manière à éviter l’évaporation de l’eau, limiter l’apparition des herbes indésirables, et apporter de la matière organique sur le sol, qui va se transformer en humus avec le temps. Dans les régions froides, étant donné l’espérance de vie relativement courte de la plante (une seule saison), mieux vaut opter pour des paillage à décomposition rapide (tontes en fines couches, foin…). A moins que vous ne remplantiez un dipladenia au même endroit chaque année, auquel cas la décomposition n'a pas à être particulièrement rapide.

 

Mandevilla en pleine terre

Un mandevilla en pleine terre en bord de restanque, une situation bien drainante. (Image: F&K.Starr-Wikimediacommons)

 

Quel support pour le dipladenia ?

En milieu naturel, le dipladenia est une liane volubile qui s’entoure autour de son support, comme le haricot ou l’ipomée. Mais les horticulteurs se sont appliqués au fil des années à sélectionner les cultivars les plus compacts, car ce sont de loin, les plus faciles à vendre. De très nombreux Dipladenias sanderi , l'espèce la plus vendue sur le marché, ne sont donc pas grimpants, au mieux semi-grimpants, voire juste buissonnants. Les espèces semi-grimpantes, qui atteignent un mètre et quelques de hauteur ont quand même souvent besoin d'un tuteur sans lequel les tiges retombent vers les sol.

Il est désormais admis dans le milieu horticole que les espèces strictement grimpantes sont dénommées mandevillas, pour bien marquer la différence avec les dipladenias, auprès des consommateurs un peu bêtas que malheureusement, nous sommes souvent. Puisque les mandevillas et les dipladenias semi-grimpants sont démunis de crampons ou de ventouses à l'inverse du lierre ou de certaines vignes vierges, ils ne peuvent pas grimper sur un support plat, comme un mur. Il leur faut donc un tuteur ouvert autour duquel ils peuvent tourner, comme un treillis, des piquets en forme de tipi, à installer dès la plantation ou le placer près d'une pergola ou d'une arche...

 

Dipladenia en pleine terre avec un tuteur

Au pied d'un mur, il faut un treillage (Image: Bio Jardin services)

 

Au départ, il est important de délier les lianes une à une et de les installer manuellement autour ou au sein du futur tuteur. A défaut de support, comme toutes les plantes grimpantes laissées pour compte, ils se transforment en plantes rampantes, très florifères en l’occurrence, ce qui n’est pas dénué d'intérêts. Un petit arbre au tronc fin, fait aussi très bien l’affaire puisque c’est ainsi qu’il pousse à l’état naturel. Il faut généralement fixer les tiges au tronc durant la première année pour faciliter et accélérer l'escalade.

Evidemment, dans le jardin, au sein d'un massif, on utilise ou non un tuteur selon que la plante se trouve au premier, second ou troisième plan, de manière à la rendre visible. Notons que les espèces compactes sont bien entendu les plus indiquées pour le tout premier plan

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Dipladenia grimpant autour d'un arbre

Un dipladenia semi grimpant à l'assaut d'un arbre (Image: Yercaud-elango-Wikimediacommons )

 

La nutrition du dipladenia

Le dipladénia est un gourmand qui a besoin d’une assiette bien garnie pour trouver les forces de fleurir autant qu’il en est capable. Un sol humifère, riche en terreau et en compost mûr est une bonne base de départ. Mais même en pleine terre, des apports en amendements sont recommandés pour soutenir la généreuse floraison tout au long de la saison. Pour cela il faut privilégier les apports généreux de compost ou de fumier complétés par un paillage. Pour donner éventuellement un coup de boost aux floraisons, optez pour des engrais organiques riches en potasse (K) et en phosphore (P) plutôt que les engrais à base d’azote (A) qui risquent d’entraîner une croissance trop forte du feuillage au détriment des fleurs et de favoriser l'apparition de pucerons. Sachez que les pépiniéristes professionnels aiment utiliser des engrais NPK costauds de type 12-6-30 pour nourrir les dipladenias en pot. En pleine terre, de tels bombardements d'éléments nutritifs n'ont pas lieu d'être, mais gardez le ratio en tête : Azote (N) 2 unités – Phosphore (P) 1 unité – Potasse (K) 5 unités. Regardez bien les étiquettes ! Au passage, vous y trouverez mention des fréquences d’épandage, variables selon la composition des produits. Plus simplement, les engrais à rosier ou à géranium font généralement l’affaire car ces plantes très florifères ont des besoins similaires.

 

Engrais pour dipladenia

Un engrais de synthèse spécial dipladenia (entre autres) : NPK : 15-8-28 ! (Image: BHS)

 

L'arrosage du dipladenia

Ne rêvons pas. Même si le dipladenia résiste plutôt bien bien à la chaleur et à la sécheresse, même si la pleine terre ne se déssèche pas aussi rapidement que le substrat contenu dans un pot hors sol, le dipladenia n’est pas à proprement parler une plante de jardin sec. Cela dit, hors période caniculaire extrème, il fleurit en plein cagnard et ne présente aucun signe de stress hydrique avec un arrosage copieux d'environ dix litres par semaine. Une telle sobriété est toute à son honneur et plutôt étonnante vu sa grande floribondité. Son élégant raffinement fleuri cache donc un tempéramment de touareg. Cette résistance est dûe à ses racines tubéreuses qui agissent comme des réserves d'eau. Idéalement, il préfère l'arrosage à l'eau de pluie, car si l'eau du robinet est trop calcaire, elle provoque des chloroses et des jaunissements à long terme. Il faut donc se méfier des arrosages automatiques branchés au réseau d'eau. Mais si vous n'avez pas le choix, comme c'est souvent le cas, ainsi soit-il, et va pour l'eau du robinet !

 

Dipladenia à l'ombre

A exposition semi-ombragée, quand l'atmosphère est fraiche et humide, pas besoin d'arrosage pour ces jeunes dipladenias (Image: J.Windham-Wikimediacommons)

 

Une saison de culture du dipladenia

La plantation du dipladenia en pleine terre doit se faire après que la menace des gelées tardives soit passés. Donc, comme la tomate et toutes les plantes fragiles, mieux vaut ne pas l’installer avant les saints de glace du 11, 12 et 13 mai. À cette saison, les températures chaudes et les longues journées lumineuses vont favoriser une reprise et une croissance rapide. Après la petite stagnation d’usage due au stress du repiquage, le dipladenia va prendre son rythme de croisière, pour fleurir et pousser vigoureusement (s'il s'agit d'une espèce grimpante).

La floraison commence vite et n’a pas besoin que la plante prenne beaucoup de hauteur, à fortiori pour les variétés compactes. Elle est massive et dure près de six mois car les fleurs se succèdent tout au long de la saison, y compris sur une même hampe forale où il n'est pas rare de voir en même temps, un bouton, une fleur épanouie et une fleur fanée. Les cultivars du commerce sont auto-nettoyants, c'est-à-dire que leurs fleurs fanées tombent toutes seules avant de monter en graine, sans qu'il soit nécessaire de les tailler. En revanche, les espèces botaniques peuvent monter en graine, ce qui fatigue la plante et réduit la densité de la floraison. Il vaut donc mieux couper les extrémités des tiges défleuries. D'autant que le follicule rempli de graines, fin et long, n'est pas des plus esthétiques. Encore que, ça se discute... la preuve.

 

Dipladenia follicules

Un mandevilla après la floraison, rempli de follicules (Image:Ewen-Cameron-Wikimediacommons)

 

La floraison ne s’arrête qu’avec la chute des températures de la fin de l’automne, aux alentours de 15°C. En six à sept mois la plante aura émis des centaines de fleurs sans discontinuer et les espèces grimpantes (mandevillas) auront atteint deux mètres sans sourciller. La plante stoppe sa croissance lorsque les températures deviennent inférieures à 10°C et meurt définitivement lorsque les gelées passent sous la barre des -5°C. Dans les régions froides, c'est donc l'heure du baisser de rideau définitif, et vous n'aurez d'autre choix que de replanter un autre dipladenia au printemps suivant. Vous pouvez, pour limiter les coûts (le dipladenia est vendu assez cher), procéder à des boutures au mois d'octobre, que vous garderez et pouponnerez au chaud durant tout l'hiver, afin de perpétuer gratuitement votre plante.

En cas d’hiver doux, il est possible que la souche reste en vie et que la plante reparte de plus belle, au printemps suivant. On ne perd rien à cajoler cet espoir en paillant généreusement le pied de la plante avec un paillage organique bien aéré (paille, feuilles mortes, épines de pin…). Les paillages lourds (broyats...) ont tendance à écraser la souche, favoriser l'accummulation d'humidité et donc le pourrissement. Les chances de survie sont accrues si le sol n’est pas trop compact et gorgé d’eau. D'où l'intérêt de bien préparer le trou à la plantation. Dans tous les cas, sauf dans les jardins du littoral, il est très rare que les parties aériennes ne résistent au froid. Mais au fil des années, les souches s'endurcissent et c'est de là que tout repart.

 

Un cas à part : le Mandevilla "laxa"

Originaire du pérou, du Chili ou d'Argentine, où il pousse sur les contreforts de la cordillière des Andes, le mandevilla Laxa est le montagnard de la famille. Habitué à l'altitude et aux basses températures qui vont avec, cette liane volubile et vigoureuse, qui peut atteindre cinq à six mètres à l'état naturel, résiste à des température de l'ordre de - 20°C lorsqu'il est bien implanté. C'est dire s'il fait office d'hurluberlu dans cette famille de frileux. Il est donc parfaitement adapté à la culture pérenne sous toutes les latitudes de France métropolitaine. En voilà une bonne nouvelle ! Ses grandes fleurs d'un blanc pur exhalent un parfum suave qui lui a valu le nom vernaculaire bien mérité de "jasmin du Chili". Ses feuilles sont cordiformes, c'est-à-dire en forme de coeur. Malheureusement, comme il est assez difficile à multiplier par bouture, et que les sujets issus de semis sont assez longs à fleurir (au moins trois ans), ce n'est pas une plante adaptée à la frénésie du commerce mondial. C'est pourquoi on le trouve assez difficilement dans les pépinières.

 

mandevilla echites laxa

Le mandevilla laxa à cultiver en pleine terre, partout ! _ Image : Peganum - Wikimediacommons

 

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