Comment se débarrasser du liseron ?

Envahisseur notoire des plates-bandes et des massifs, le liseron est une plante (super) conquérante dont il est très difficile de venir à bout. Avant d’apprendre à l’éradiquer, apprenons déjà à le connaître.

 

Dans la famille des convolvulacées, comme dans toutes les familles, il y a des beaux enfants modèles, telles l’ipomée ou la belle-de-jour, et puis il y a les brebis galeuses, ces liserons sauvages dont les mauvaises manières exaspèrent. Effrontément invasifs ils chapardent eau et nutriment tout en étouffant sans remord les plantes voisines de leur volubile ramure et leurs racines traçantes. Portrait de deux empêcheurs de cultiver en rond dont l’élimination est tellement difficile, qu’arriver à les contenir est déjà en soi une victoire.

 

Le liseron, patibulaire... mais presque

Les liserons sauvages que sont le liseron des champs (Convolvulus arvensis) à fleurs roses, et le liseron des haies (C. sepium) à fleurs blanches sont des plantes vivaces invasives et grimpantes (surtout le second) qui montent à l’assaut des végétaux grâce à leurs très longues tiges volubiles. Redoutés par les jardiniers amateurs et les agriculteurs, ils affaiblissent les cultures en les privant d’une part importante d’eau et d’éléments nutritifs, mais également en réduisant leur photosynthèse du fait de leur feuillage étouffant. Il n’est pas rare qu’en s’enroulant puissamment, toujours de la gauche vers la droite, le long des tiges et des plantes frêles ou fragiles, ils en provoquent la mort par strangulation. Et lorsqu’il ne tue ou n’affaiblit pas, il « pollue » visuellement, notamment sur les plantes à tiges fines comme les lavandes. Pour couronner le tout, flanqué d’un système racinaire extrêmement développé et puissant, le liseron est, lors des périodes de sécheresse, l’un des derniers végétaux à flancher. Pas de chance.

 

liseron des haies

Le liseron des haies - Image: GaelleLaborie (Pixabay)

 

Le liseron, mode de vie et d’expansion

A défaut de support verticaux, les liserons se propagent en rampant sur le sol. C'est une herbe adventice ou indésirable, c'est-à-dire, en vieux français : une mauvaise herbe. En bonne plante vivace, ses parties aériennes meurent en hiver puis réapparaissent au printemps suivant, plus vigoureuses que jamais. Pour se répandre, le liseron a plusieurs cordes à son arc car il se multiplie bien-sûr par semis naturel après la montée en graine des fleurs, mais également par l’imparable reproduction végétative. D'abord naturellement, par marcottage en fin de saison, comme le fait la ronce ou le fraisier, mais aussi, c’est plus insidieux, lors du morcellement des racines suite aux opérations de binage, de bêchage ou de labour. Car au niveau de ses racines, il possède des yeux latents, c'est-à-dire des bourgeons endormis, qui selon les besoins se transforment en tige, en racine ou reste en dormance. Un point commun déprimant qu’il partage avec un autre envahisseur tout aussi pénible : le chiendent. Chaque petit morceau de rhizome laissé en terre est donc susceptible de se transformer en nouvelle repousse. C’est la raison pour laquelle passer le motoculteur dans le but d’éradiquer le liseron ou le chiendent installé sur une parcelle est une très mauvaise idée car l’opération aboutit essentiellement à fractionner les racines en centaines de petits tronçons, futurs rejets en puissance. De même si vous devez travailler le sol, notamment pour faciliter l'extraction du liseron, utilisez une fourche-bêche plutôt qu'une simple bêche dont la lame tranchante risque de sectionner bon nombre de racines. En fin de saison, un seul pied de liseron des champs peut couvrir jusqu’à 5 à 6 m² et donner naissance à des dizaines d’autres pieds à partir des points de marcottage au sol qui se créent à l'automne.

 

liseron grimpant

Le liseron montant à l'assaut du blé - Image: pe46w (Pixabay)

 

Le liseron, une affaire de sol ?

C’est bien connu, ou tout du moins, c’est souvent dit depuis les travaux érudits de Gérard Ducerf, le liseron est une plante bio-indicatrice dont la présence trahit un sol argileux et compact, riche en azote et pauvre en silice. Selon ses théories, ces caractéristiques du sol font germer en priorité les graines de liseron en dormance dans le sol. Et c'est la présence du liseron qui va ramener l'équilibre du sol : il stocke l'azote en excès et il décompacte le sol en le transperçant de ses nombreuses racines. Il y a fort à parier que la décomposition annuelle de ses feuilles redépose de la silice (propos non vérifiés). En toute logique, après quelques années de présence, le liseron disparait lorsque le sol est redevenu équilibré et que les conditions pédologiques lui sont devenues défavorables. A ceux qui n'ont pas la patience d'attendre que le lent travail du liseron se fasse naturellement, il conviendrait d’alléger la terre par des apports de compost mûr, de réduire les engrais azotés et d’augmenter les apports de silice pour limiter l’expansion de l'envahisseur. En réalité le liseron se retrouve sur la plupart des types de sol et s’adapte à toutes les terres. Il n’y a qu’à le voir s’égayer à son aise dans un terreau fertile et meuble pour le comprendre. Si bien que la limitation des apports d‘engrais affaiblit en premier lieu et surtout les plantes que l’on cherche à sauver. Car flanqué de ses très longues racines qui peuvent s’étirer sur plusieurs mètres de longueur ou de profondeur et qui font office à la fois de pompes à carburant et de gigantesques réserves d’énergie, le liseron est extrêmement vigoureux et ce n’est généralement pas lui qui réagit en premier aux restrictions d’engrais. En réalité il n’y a pas de solution miracle ou de méthode efficace à court terme. Lutter contre le liseron c’est donc entamer une guerre d’usure qui va durer plusieurs saisons. Les deux moyens de lutte principaux sont l’arrachage et l’occultation. En revanche, il ne faut pas laisser au liseron des conditions favorables à son apparition. Il est donc recommandé de toujours garder un sol couvert durant l'hiver, en particulier au potager, par un paillage permanent épais ou un couvre-sol de type engrais vert qui empêcheront la compaction du sol sous l'effet des pluies. C'est la base de toute lutte préventive.

 

liseron invasif

Une planche de culture envahie par le liseron - Image: Bio jardin Services

 

Le liseron et la politique de prévention

Avant de parler répression, parlons tout de même prévention. Crions-le bien fort, le meilleur moyen de lutter contre la propagation du liseron consiste à ne pas le laisser se reproduire par voie sexuée. Une lutte bien ordonnée commence donc et avant tout par empêcher les fleurs de monter en graines, et de se ressemer. Eh oui...

 

Le liseron, une lutte à l’arrachée

L’arrachage consiste à extirper sans relâche les rejets de liseron dès qu’ils apparaissent en surface. Le travail se fait à la main, ou mieux, avec une gouge ou une grelinette, afin de plonger le plus loin possible dans le sol. Cela dit, il faut savoir que les racines du liseron peuvent s'enfoncer à plusieurs mètres sous terre et qu’il est impossible d’en extirper la totalité. Elles finissent toujours par casser et c’est pourquoi l’arrachage laisse toujours dans le sol des morceaux d’où émergeront de nouvelles pousses. Autant dire que le jardinier qui brandit fièrement les quarante centimètres de rhizomes qu’il vient d’extirper ne sait pas qu’il en a surtout laissé deux ou trois mètres en sous-sol… Néanmoins c’est à force d’arracher les parties aériennes tout au long de la saison et donc en la privant de photosynthèse que l’on parvient à affaiblir petit à petit la plante et à l’éradiquer à long terme. La lutte doit commencer dès le printemps, par l’arrachage systématique des jeunes pousses. Agissez sur un sol humide, ce qui facilite l’extraction des racines. Surtout ne laissez pas les résidus sur le sol ou dans le compost où, aidé par une humidité résiduelle complice, ils pourraient s’enraciner de nouveau. Laissez-les plutôt cruellement se dessécher sur un sol en dur et non arable (terrasse, dalle, béton…), avant de les mettre au compost. Autre solution, les poules, qui les engloutiront rapidement pour en faire des oeufs.

Vous pouvez utiliser un désherbant naturel à base d’acide acétique (vinaigre blanc) ou pélargonique (d’origine végétale) mais les pulvérisations ne détruisent que les parties aériennes avec lesquelles le produit entre en contact. Les passages sont à renouveler dès que réapparaissent les rejets, c’est-à-dire… souvent, ce qui n'est pas sans poser des problèmes à long terme.

En savoir plus: Quid des desherbants anti-liseron ?

 

Liseron et paillis

Ne rêvez pas, le paillage, aussi épais soit-il, ne constitue pas une barrière efficace contre le liseron. S’il faut traverser quarante centimètres de paillage pour atteindre la lumière, le liseron les traversera. En revanche le paillage facilite beaucoup l’arrachage qui peut se faire à la main, et sans outil. Idem dans les sols humifères et souples, qui sont souvent la conséquence d’un paillis permanent épais. Il est donc recommandé de pailler le sol en présence de liseron, non pas pour l’empêcher de se développer mais pour faciliter son arrachage. Encore que, à long terme, la décomposition du paillis favorise la présence de la pédofaune (animaux et organismes présents dans le sol) dont l'activité tend à décompacter le sol et à créer de l'humus qui lui, absorbe les excès d'azote. Ce qui revient à limiter deux des principaux facteurs favorables à la présence du liseron.

 

liseron dans le paillis

Le bon moment pour arracher le liseron - Image: Bio jardin Services

 

Le liseron sous cloche

Qu'on se le dise, l’occultation est la meilleure technique pour éradiquer le liseron. A petite échelle, elle consiste à priver de lumière les jeunes touffes , c’est-à-dire le cœur de la plante d’où partent les tiges. On peut les recouvrir avec une boite de conserve ou n’importe quel objet qui peut faire office de cloche opaque. Privée de lumière, incapable d’effectuer sa photosynthèse, la souche va blanchir en quelques jours et mourir en quelques semaines. L’opération est moins contraignante que l’arrachage, mais elle est esthétiquement discutable dans un jardin… Elle est néanmoins complémentaire de l’arrachage et les deux techniques se complètent. Sur les terrains infestés de liseron, il faut passer à la vitesse supérieure avec l'occultation complète du sol. C'est le seul moyen d'éradiquer efficacement et durablement le liseron ou, à minima, d’amorcer la contre-attaque lorsqu'on s'est laissé dépassé.

En savoir plus: L'occultation anti-liseron, comment ça marche ?

 

Lutter contre le liseron, le point de vue provençal

Le liseron plante indésirable ? Oui bien-sûr, si l’on aborde le sujet sous le prisme de la concurrence et des contraintes qu’il impose aux cultures. Néanmoins, quiconque s’est mis à quatre patte pour arracher le liseron aura pu constater que la présence de son feuillage agit comme un couvre-sol qui ralentit l’évaporation de l’eau des arrosages et préserve beaucoup l’humidité. Il y a même des jardiniers qui, notamment dans les régions où les étés sont torrides, comme c'est le cas chez nous, n’hésitent pas à "faire avec" cet envahisseur-protecteur et qui ont décidé de cohabiter avec lui plutôt que de lui déclarer la guerre. C’est vrai que tant qu’il reste au pied des grands légumes (tomates, aubergines…) il prodigue fraicheur et humidité sans être trop embêtant. Le tout est de ne pas se laisser déborder, de procéder à des petits arrachages prophylactiques et de l’empêcher de se propager dans les planches ou les massifs où sa présence serait plus embêtante. C’est un axe de réflexion qui ne vaut pas vérité, mais qui mérite son petit quart d'heure de réflexion.

 

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