La fin du printemps est la période propice à la plantation des bananiers en pleine terre car les risques de gel sont passés, les jeunes sujets mal enracinés étant particulièrement sensibles au froid la première année. Mais, variétés comestibles ou rustiques il faut généralement choisir. Heureusement plus pour longtemps...
« Quoi ? Récolter des bananes dans mon jardin, c’est possible ? » s’écrie, l’œil frétillant, le jardinier rocker à la fringante excroissance capillaire sus-frontale. « A l’aise, Blaise que c’est ok. Faudra juste voir à prendre quelques pincettes quand tu leur mettras les nougats dans la terre et sélectionner une variété adaptée au temps qu’il fait dans ton backstage. A part ça, c’est du tout cuit, mec. Par contre, ne compte pas trop te taper la cloche avec les fruits, car ils ne seront pas bons à becqueter. En tout cas, pas beaucoup plus que la version vintage que t’as sur l’carafon ! » Et pourtant si ! Grâce à une nouvelle variété rustique et comestible, manger les bananes de son jardin peut être possible. A-wap-bap-a –loo-bap, a-wap-bam-bom !
Aussi étonnant que cela puisse paraitre, les bananiers font partie de la famille des herbacées et comprennent de nombreuses espèces dont plusieurs naines. En jardinage on les classe généralement en deux catégories: la première, celle des tropicaux, aux fruits parfois comestibles, ne résiste pas aux températures inférieures à 5°c (ex : Musa acuminata). La seconde, celle des sub-tropicaux, représentée le plus souvent par des bananiers originaires de régions montagneuses d'Asie, comme le Japon ou la Chine, qui peuvent être rustiques au-delà de -10 °c, mais qui produisent des fruits qui ne sont pas consommables, comme le bananier du Japon Musa basjoo. En France, le jardinier a donc dû s’habituer à choisir entre un bananier d’ornement de pleine terre à installer dans le jardin et un bananier producteur de bananes comestibles, à cultiver en pot à l’intérieur, ou mieux, en serre tempérée. Mais qu’à cela ne tienne, finalement les bananiers ornementaux avec leurs larges feuilles portées par leur pseudo-tronc caractéristiques et leur floraison atypique, sont parmi les plantes les plus spectaculaires du jardin. On pourrait même les considérer comme de véritables arbustes de collection à forte plus-value ornementale.
Et puis voilà qu'il y a quelques années on a découvert, avec grand intérêt, sur les contreforts de l’Himalaya indien, dans la région du Daarjeeling, un croisement naturel entre une variété de bananier rustique (Musa sikkimensis) et une autre comestible (Musa chini-champa). Ce "nouveau" bananier, qui devait pourtant être là depuis fort longtemps, issu d'une hybridation spontanée sans intervention humaine, a été baptisé Musa "Helen’s hybrid". Les conditions climatiques de sa terre d'origine étant similaire au notre (hiver froid, été tempérés à chaud), il est capable de pousser dans nos jardins et de produire des bananes comestibles sous le climat d'Europe. Même si les fruits sont petits et pleins de graines, leur goût est sucré et appréciable. Cueillir des bananes sur l'arbre dans son jardin, comme on le fait avec des cerises ou des pommes est désormais possible ! Comme beaucoup de variétés ornementales, les feuilles en hiver meurent à partir de 5°c et les pseudo-troncs disparaissent en dessous de -5°c, un peu comme le canna et les plantes vivaces, mais la souche peut, elle, résister au-delà de -15°c. Puis la plante réapparait au printemps pour reprendre son cycle végétatif durant une nouvelle saison. Ce bananier peut produire des fruits au bout de trois ans seulement. Le pied meurt après la fructification qui dure plusieurs mois, mais de nombreux rejets prennent alors le relais au printemps suivant. C'est un très beau bananier, avec des feuilles légèrement irisées de rouge et un pseudo-tronc (rappellez-vous qu'il s'agit d'une herbe) légèrement duveteux.
Les bananiers, comme les agrumes, aiment pousser dans une terre neutre, fraiche, humifère et relativement humide. Etant donné qu'ils détestent avoir les racines dans l’eau stagnante, il est important de placer au fond du trou de plantation rempli d'un mélange à part égale de terreau et de terre de jardin, un lit de gravier (5 à 10 cm) en guise de drain. Au printemps et en été, l’arrosage doit être abondant mais il est quasiment inutile, voire dangereux en hiver car la plante est alors en repos végétatif, et les racines pourraient pourrir à cause de l'excès d'eau. Offrez à vos bananiers des conditions de développement favorables, avec un emplacement situé en plein soleil, si possible près d’un mur afin que celui-ci emmagasine la chaleur du soleil durant le jour et la restitue doucement pendant la nuit, et qu'il les protège du vent qui déchiquète sans vergogne leurs grandes et belles feuilles fragiles. Prévoyez d'apporter un engrais organique azoté en début de saison pour favoriser la croissance, puis un autre riche en potasse après l’apparition des fleurs, pour encourager le grossissement des fruits. Ou plus simplement 5 cm compost ou de fumier, étalés au pied au printemps et à l’été en guise d'amendement, incorpors aux premiers centimètres du sol par griffage, le tout recouvert par un épais paillis de manière à générer de la matière organique et produire de l'humus. Dans des conditions optimales, leur croissance est rapide sans necessiter de soins ou de traitement particulier. Attention, durant les deux premières années, le jeune bananier Musa Helen's Hybrid, qui n'est pas encore bien installé est plus sensible au froid. Il perd entièrement ses parties aériennes et peut s'avérer sensible de la souche. N'hésitez pas à la protéger avec un épais paillis.
De par la nature particulière de nos sols, pauvres, argileux et calcaires à n'en plus pouvoir, et celle de nos longs étés secs, la culture du bananier est une activité que l'on pourrait qualifier de rare dans la région provençale. Pourtant à condition de prendre quelques précuations, elle n'est pas impossible. En plaçant un bon drain au fond du trou, en apportant au moins 50% de terreau à la terre de plantation voire un peu de sable, de la tourbe et même de la pouzzolane de petit calibre (pour favoriser le drainage tout en augmentant la capacité de rétention d'eau du substrat), en faisant des apports réguliers de matières organiques (compost, fumier), en paillant très généreusement en été (pour limiter l'évaporation de l'eau) comme en hiver (pour protéger la souche du froid), et bien-sûr, en faisant des arrosages régulièrement du printemps à l'automne (au moins 30 litres par semaine), il est tout à fait possible de réussir la culture des bananiers en Provence. Attention à placer la plante exposée au sud et bien à l'abri du mistral qui déchire les feuilles et assèche les sols.
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Cultiver l'asiminier, cet étrange fruitier