En provenance de l’Amérique du Nord, l’asiminier est un arbre fruitier rare qui gagne à être connu. Rustique et bien adapté à la culture en France, ses fruits et son allure apportent une agréable sensation d’exotisme. Il est devenu en quelques années, le chouchou des permaculteurs.
Les indiens d’Amérique du Nord, lui ont donné le nom de paw-paw, les visages pâles celui d’asiminier. Peu répandu dans les jardins, cet arbre fruitier à l’aspect tropical est pourtant facilement cultivable sous nos climats. A nous ses fruits étranges au goût dépaysant, son port retombant tropicalisant, son dense feuillage vert qui prend magnifiquement feu à l’automne et sa résistance héroïque aux maladies et aux insectes. Nom d’un calumet de la paix, mais c’est le fruitier idéal ! Hugh…
L’asiminier (Asimina triloba) ou paw-paw est un arbre endémique de l’est des Etats-Unis, pouvant atteindre jusqu'à 10 m de hauteur à l'état naturel. Sous nos contrées, il dépasse rarement les 3 à 5 m de haut. Seul représentant de la famille des annonaceaes qui ne soit pas une plante tropicale, l’asiminier, rustique jusqu’à -20°c, est totalement adapté à la culture en climat tempéré. Originaire des plaines alluvionnaires des vallées fluviales, il apprécie par nature les terres humides et humifères, neutres à légèrement acides, mais il s’adapte à la culture en terre franche, dès lors qu’elle n’est pas trop calcaire et rocailleuse. Dans son milieu d'origine, c'est un arbre de sous-bois qui pousse habituellement sous la canopée. Ses feuilles sont longues, un peu comme celle de l'avocatier, et virent au jaune or à l'arrivée de l'automne.
La floraison du pawpaw s’étale sur une vingtaine de jours, entre la fin mars et le début mai selon les variétés. Les fleurs se développent d'abord, isolées ou par petits groupes, puis le feuillage apparait, comme c’est le cas pour la plupart des arbres fruitiers. Elles s’en distinguent néanmoins nettement par leur profonde couleur lie de vin très originale et surtout, par une odeur de charogne, peu encline à la rêverie et à l’enivrement. Que l’on se rassure, cette fragrance musclée n’est détectable que s’y l’on colle son nez sur la corolle et elle n’est donc en aucun cas source de nuisance. Par, contre cette caractéristique olfacitve fait que l'asiminier triolobé est principalement pollinisé par des mouches et sans doute, cela reste à prouver, par les fourmis que l'on voit fréquemment roder autour des fleurs. Sur ses terres natales, l'asiminier est pollinisé par un lepidoptère qui n'existe pas chez nous. Pour maximimiser les chances de pollinisation des fleurs, et attirer les mouches, certains jardiniers confectionnent des petits tas de fumier au pied des arbres, d'autres, moins délicat, suspendent des morceaux de viande ou de poisson dans les branches. Généralement la pollinisation se fait naturellement, mais beaucoup de cultivateurs se rassurent en l'effectuant manuellement avec un pinceau.
Les fruits, les asimines, se cueillent, selon les variétés, de la mi-août au début du mois d’octobre. Ovales et légèrement lobés, ils sont semblables à la cabosse du cacao, et poussent seuls ou groupés au bout d’un solide pédoncule. L’asiminier commence à produire vers l’âge de 5 ans des fruits qui pèsent en moyenne de 50 à 100g. Mais sur un sujet mature en pleine production ils peuvent atteindre plus de 400 g ! Tant mieux car une fois les noyaux et la peau retirés, il ne reste plus grand-chose à manger. Proprotionnellement, il y a moins à manger dans une asimine que dans un avocat. Leur chair molle, mais délicieuse, rappelle le goût de la banane et de la mangue et sont particulièrement riches en potassium et en magnésium. La récolte doit avoir lieu au bon moment, car ils n’ont d’intérêt gustatif qu’à maturité, d’autant plus que ramassés trop tôt, ils ont du mal à continuer à murir sans perte de saveur. Avant l'heure, c'est pas l'heure, après l'heure, c'est plus l'heure ! Très fragiles, ils ne se conservent que quelques jours, et supportent très mal les manipulations et le transport. Si bien qu'il est quasiment impossible de les trouver dans le commerce. En France, seuls ceux qui plantent un paw paw dans leur jardin peuvent avoir le privilège d'en goûter les fruits. Attention car les fruits suportent mal le plein soleil.
Beaucoup de jardiniers amateurs rencontrent des problèmes de pollinisation avec l’asiminier et se désespèrent de faire pousser des arbres qui font des fleurs, mais pas de fruits. Même la pollinisation manuelle ne parvient pas toujours à assurer la mise à fruit. Pour bien appréhender le problème, il est important de comprendre comment fonctionne le mode de reproduction un peu particulier de l’asiminier.
De croissance lente, l’asiminier trilobé se cultive facilement en toute exposition, à condition de le protéger impérativement du soleil direct durant les deux premiers étés, avec un parasol ou une toile d'ombrage. Prévoyez-lui une terre souple et légèrement acide qui devra rester fraiche et humide durant l’été. Un arrosage régulier est indispensable durant les premières années. Par la suite, il devient un peu plus autonome s'il est parvenu à faire plonger profondemment sa racine pivot. Evitez le binage autour du pied, car vous risqueriez d’endommager ses racines superficielles qui sont très sensibles aux blessures. Aucun traitement n’est à prévoir sur cet arbre dont la sève renferme des alcaloïdes aux propriétés insecticides et qui n’est pas, pour le moment, sujet aux maladies. On dit souvent que l'asiminier necessite une période de froid minimum pour pouvoir fleurir au printemps : 400 h à minimum 6° C. Voilà un comptage bien difficile à faire. Néanmoins, à part sur les zones hors gel du littoral, la plupart des régions françaises ont un climat qui permet la floraison (400h = 16 jours).
Capitale pour la survie de l'arbre, l'implantation de la racine pivot s'effectue plus rapidement que le développement des cotylédons atteignant rapidement plus d'une fois et demi la hauteur du plant. Ceci explique que les plants achetés en container, dont le pivot a été forcemment coupé ou entravé afin pouvoir rentrer ou rester dans le pot, sont beaucoup moins vigoureux que les plants semés directement en terre. Par contre, évidemment, l'inconvénient avec ces derniers est de ne pas pouvoir savoir à l'avance la variété que l'on va obtenir. C'est la grande loterie de la pollinisation. En cas de semis en godet, il est important de la commencer dans un pot suffisamment profond (type pot anti-chigon pour plantes de sécheresse) et de rempoter très régulièrement le plant au fur et à mesure de son développement. Une autre solution consiste à semer des porte-greffes en pleine terre, sur lesquels, après un deux ans de culture, on va pouvoir greffer la variété que l'on souhaite à partir d'un plant acheté dans le commerce. Dernière solution, on peut prélever des rejets au pied de l'arbre car celui-ci, une fois adulte a tendance à drageonner. Cependant, ce genre de prévèlement ne permet pas le développement harmonieux d'une racine pivot tel qu'il s'effectue naturellement. Les plants obtenus n'auront pas la vigueur d'un plant obtenu par semis.
Botaniques ou hybrides, autofertiless ou autostérile, il existe quelques dizaines de variétés d'asiminier. Leurs caractéristiques influencent directement la vigueure de l'arbre, la taille des fruits, leur goût, leur précocité, etc... Il convient donc de choisir des variétés adaptées à ce que l'on recherche, si possible en plantant au moins deux individus issus de deux variétés distinctes pour garantir la pollinisation des fleurs. Dans le cas des variétés autofertiles, il est recommandé de planter toujours au moins deux individus de manière à favoriser la fécondation.
Voici quelques exemples de variétés autofertiles:
- "Prima" : Variété très commune. Excellente qualité gustative, son fruit présente un bon rapport chair-graines. Croissance vigoureuse.
- "Sunflower" : Variété très commune. Semi-tardif, fruits moyens pouvant peser jusqu’à 200g. Sa chair et sa peau sont jaune pâle et il a peu de graines. Très bonne qualité gustative.
- "Georgia" : (Re)découverte en Italie dans le jardin d'un ancien ambassadeur américain dans la région turinoise. Fruits de très gros calibre (jusqu’à 400g) à la pulpe couleur crème et contenant peu de graines .»
Voici quelques exemples de variétés autostériles:
- "Mango" : Variété très commune à croissance vigoureuse. Gros fruits à pulpe de couleur jaune orangé.
- "Summer delight" : Variété très précoce (maturité fin juillet à mi-août selon les régions). Fruits de beau calibre à la chair douce, peu de graines. Bonne conservation. Excellente qualité gustative. Intéressant à associer avec une variété tardive ou de saison pour étaler les récoltes.
- "Belle" : C'est sans doute la variété qui donne les plus gros fruits (jusqu'à 450g). Très bonne qualité gustative.
- "Davis" : Cultivar précoce aux fruits allongés. Très bonne qualité gustative. Ils se conservent bien au réfrigérateur ce qui n'est généralement pas la qualité première de l'asimine.
- "Overleese" : Fruits ovales à chair jaune-orangée d'environ 300g, très bons et contenant peu de graines.
Et il y en encore d'autres !
Où acheter un asiminier pour avoir le choix dans les variétés?
L'asiminier n'est pas, à priori, un arbre destiné à la plantation en Provence. Les sols calcaires n'étant pas sa tasse de thé, il y a fort à parier qu'il risque de ne pas s'y plaire. D'autant plus qu'il développe naturellement une très grande racine pivotante, qui descend à plusieurs mètres sous terre. Dans nos sols empierrés, son cheminement risque d'être entravé. Néanmoins, tout se tente et si vous vous lancez, choisissez un endroit légèrement protégé du soleil écrasant de l'été, pour installer l'asiminier, d'autant que les fruits supportent mal le soleil intense dircet. Ne craignez rien, le paw paw à l'origine un arbre de sous-bois, habitué à la mi-ombre. Creusez un trou profond que vous remplirez d'un mélange de terre de jardin et de terreau. Si votre terrain est en plaine, il y a des chances que la racine puisse s'enfoncer profondémment. Mais si vous êtes à flanc de colline, n'y comptez pas... Laissez un épais paillis permanent j'usqu'à l'aplomb du feuillage, de 10 à cm cm d'épaisseur afin de favoriser l'apparition d'humus qui régulera un peu le Ph du sol. Arrosez tant que cela est possible avec de l'eau de pluie (acide) plutôt qu'avec l'eau du robinet (calcaire). En sol calcaire, attention aux carences (en fer et magnésium) chez les plantes mal installées, qui se caractérisent par le jaunissement du feuillage. Dans ce cas là, apportez du chélate de fer (equivalent du Séquestrène) au pied de vos arbres.
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