Comment utiliser les nématodes auxiliaires au jardin ?

Alternative efficace aux produits chimiques, les nématodes auxiliaires permettent de lutter naturellement contre un grand nombre de ravageurs du jardin. Mais leur utilisation requiert certaines précautions. Voici comment faire.

 

Dans une courte saynète dont on ne sait si le héros est un lion ou un rat, le fabuliste enseigne qu’on a souvent besoin d’un plus petit que soi. C’est une vérité au jardin où il est possible de substituer aux produits pesticides, des nématodes qui éliminent les ravageurs de façon naturelle. Par millions ces minuscules organismes investissent le sol à la recherche de leur proie, et comme le rongeur délivra le fauve de ses rets, ils débarrassent le cultivateur de la faune nuisible. Mais pour qu’ils puissent s’épanouir à leur aise, celui-ci leur doit des conditions favorables. Car n’oublions pas que le poète ajoute : « il faut, autant qu’on peut, obliger tout le monde. »

 

Les nématodes auxiliaires, une arme de bio-contrôle

Au même titre que les fameuses larves de coccinelles, les nématodes font partie des moyens de bio-contrôle à disposition des jardiniers pour lutter de manière naturelle contre les ravageurs du jardin. Cette technique de jardinage biologique consiste à utiliser des organismes vivants pour contrôler et éradiquer la faune nuisible dont ils sont prédateurs. A chaque auxiliaire de bio contrôle, correspond une ou plusieurs espèces cibles.

 

Les nématodes auxiliaires, une minuscule armée

Les nématodes sont des vers microscopiques (de 0,5 à quelques millimètres) dits entomopathogènes présents naturellement dans le sol. C’est pendant leur stade larvaire qu’ils intéressent le jardinier, lorsqu’ils pénétrent dans le corps de leurs proie par les orifices naturels. Ils y libèrent des bactéries qui provoquent la mort de l’hôte par septicémie, en un ou deux jours. Ensuite, ils se nourrissent des tissus du cadavre, avant que, huit à dix jours plus tard, une nouvelle génération apparaisse, sorte du corps et parte à la recherche de nouvelles proies. Une fois les ravageurs éradiqués, les nématodes disparaissent, faute de nourriture.

 

Les nématodes auxiliaires, mode d'emploi

Les nématodes se présentent sous la forme d’une poudre à diluer dans l’eau, quelques grammes suffisant à donner la vie à des millions de larves. La solution est pulvérisée ou utilisée en arrosage dans les zones à traiter. Il faut généralement une à trois semaines aux nématodes pour éliminer les ravageurs ciblés. Pendant ce laps de temps, il est primordial de maintenir dans le sol l’humidité nécessaire à leur bon développement. C’est d’autant plus important durant la période estivale. Après épandage, arrosez abondamment le sol afin de faire tomber au sol les éventuels nématodes adhérant aux brins d’herbe. Evidemment, il convient de ne pas utiliser de produits nématicides dans les trois semaines qui suivent l’application, ni également de fongicides à base de soufre. Il est très important de respecter les températures indiquées sur les emballages car si le temps est trop froid, les nématodes ne sont plus efficace. Au prix où ils sont vendus, ce serait dommage de les gaspiller inutilement...

 

Nématodes auxilaires, qui fait quoi ?

Quatre espèces de nématodes sont utilisées en majorité : Heterorhabditis bacteriophora (ou nématodes Hb) contre les vers blancs (othiorrhynques, hannetons…), Steinernema feltiae (Sf) contre les taupins, les chenilles, le tigre du platane et les fourmis, S. carpocapsae (Sc) contre les vers gris (doryphores, noctuelles, courtilières, ravageurs du palmier…) et les Phasmarhabditis hermaphrodita (Ph) contre les limaces. On les utilise quand la terre est suffisamment réchauffée (de d’avril à septembre), en début ou en fin de journée car les UV détruisent les larves.

 

Nématodes auxilaires, les inconvénients

L'utilisation de nématodes auxilaires pour lutter contre les nuisibles est une solution très intéressante et efficace. Elle a cependant quelques inconvénients. On ne peut pas les utiliser en traitement préventif, car faute de nuisible à dévorer, ils meurent de faim. Pour la lutte contre les chenilles, il faut surveiller les cultures et renouveller les traitements à chaque vol (pyrale du bois, piéride du chou, papillon du palmier...) ces derniers pouvant avoir lieu deux à cinq fois dans l'année. Le délai entre le constat d'une attaque et la réception du colis avec les nématodes prend plusieurs jours, ce qui rend difficile les réactions rapides et laisse aux ravageurs du temps pour... ravager. Enfin, c'est un produit cher dont l'utilisation récurrente d'année en année peut représenter un budget conséquent.

 

Les nématodes auxiliares, le point de vue provençal

Les nématodes auxilaires sont un moyen de lutte très efficace qui vient se substituer avec bonheur à des nombreux pesticides chimiques. Le problème en Provence, c'est de pouvoir maintenir le substrat humide, élément indispensable à la survie des nématodes. C'est le cas bien-sûr durant l'été, où un arrosage quotidien de la zone traitée est indispensable. A cause de ça, l'efficacité des traitements au nématodes des palmiers attaqués par le papillon et le charançon est relative. En effet, il est très difficile de maintenir la tête des palmiers suffisamment humide durant les chaleurs écrasantes de l'été. Dans l'arrière-pays méditérranéen, le traitement aux nématodes est à privilégier au printemps et à l'automne. D'autant que la douceur des avants et des arrières saisons allongent les périodes possibles pour les traitements.

 

En savoir plus sur les nématodes auxiliaires

ABC Bio : N comme... nématodes auxilaires

 

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Les nématodes auxilaires

 

Nématodes vus au microscope

Deux nématodes grossis au microscope - (Image: NIAID-Foter / CC BY)

 

 

Nématodes hb anti-limaces

Les nématodes vendus dans le commerce - (Image: Biotop)

 

 

Pyrale du buis et nématodes

Les nématodes sont notamment utilisés contre la pyrale du buis - (Image: Bio Jardin Services)