Au potager, la culture sur des buttes en lasagne est l’une des techniques les plus productives. Reste à trouver au printemps tous les ingrédients pour pouvoir les construire, ce qui n’a rien d’évident.
Jardiniers et cuisiniers ont ceci en commun de devoir réunir les bons ingrédients avant de préparer leurs lasagnes. Si pour le maitre-queux, viande, pâtes et sauce tomate sont faciles à trouver tout au long de l’année, il n’en va pas de même pour le cultivateur. En effet, son plat à lui se fabrique avec des matières organiques qui ne sont pas disponibles en toute saison. Il se doit donc d’être prévoyant pour mettre de côté les ingrédients carbonés, qui prospèrent à l’automne, mais se font rares au printemps. Vive les jardiniers gestionnaires !
La culture en lasagnes consiste à construire une butte à l’aide de différentes couches de matières organiques dont le rapport C/N (carbone/azote) est à l'opposé. Une couche d'éléments azotés mous, verts et humides (herbe fraiche, petits résidus de taille de haie, déchets du potager…), une couche d'éléments carbonés, durs, bruns et secs (feuilles mortes, bois broyé, épines de pin…) et une couche de matières organiques décomposées (compost, fumier, terreau…) c’est l’empilement successif de ces trois composants, massivement arrosés à chaque strate, qui créé un support de culture très nutritif. Ces buttes, à reconstruire chaque année, permettent même de jardiner sur des surfaces impropres à la culture, sols pauvres, compactés, ou même bétonnés et d’obtenir des récoltes spectaculaires.
Si la culture en lasagnes est facile et productive, sa principale difficulté réside dans l’accumulation et le stockage des matières organiques nécessaire à la construction des buttes. On les érige généralement vers la mi-avril, afin qu’elles soient opérationnelles pour recevoir les légumes d’été mis en place en mai (tomates, courgettes…). Hors, à cette période, si le jardinier ne manque pas de matières azotés avec les déchets de tonte et de taille qui s’accumulent, il en va autrement des matières carbonées, présentes en masse à l’automne, mais rares au printemps.
Ainsi donc, le jardinier qui entend construire des lasagnes au printemps doit impérativement le prévoir dès l’automne. Il pourra ainsi mettre de côté les épines de pin, les feuilles mortes ou les herbes sèches fauchées qui deviennent peu à peu disponibles de la fin de l’été à l’automne, en prévision des besoins massifs ultérieurs. Pour stocker ces matières qui sont longues à se décomposer, la simple mise en tas ou en silo est suffisante en attendant la nouvelle saison.
La lasagne est un gouffre qui permet de valoriser les déchets du jardin. Une butte de 40 cm de hauteur englouti 300 litres de déchets verts par mètre carré ! De quoi rendre rapidement le jardinier accroc aux matières organiques dont il finit invariablement par manquer. Pour faire face à la pénurie d’éléments carbonés au printemps, il existe deux solutions simples. Les élagueurs équipés d’un broyeur se feront surement une joie de venir vous livrer une ou deux bennes de broyat de bois moyennant un petit dédommagement, plutôt que d’aller payer leur prise en charge à la déchetterie. L’autre solution consiste à acheter des bottes de paille, une matière bon marché et parfaitement adaptée aux couches carbonées des lasagnes.
En Provence, nous avons de la chance, un certain nombre de matières carbonées sont encore relativement disponibles au printemps: les feuilles de chêne vert, coriaces et longues à la décomposition peuvent encore être ratissées dans les sous bois. Idem pour les épines de pin parasol ou d'Alep quoiqu'elles tombent principalement durant l'été. Enfin n'oublions pas que la taille des oliviers entre la mi-février et la mi-avril procure un broyat assez carboné, etant donné qu'il est constitué de bois d'une part, et de feuillage lui aussi très coriace.
Pour aller plus loin : ABC bio - R comme... Rapport C/N
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