La haie défensive, composée de végétaux épineux, joue à la fois le rôle de brise-vue et de clôture infranchissable. Une alternative intéressante au sempiternel binôme grillage et haie.
Pourquoi planter une haie séparative ? Pour se protéger du vis-à-vis et préserver son intimité. Pourquoi installer un grillage derrière cette haie ? Pour empêcher les intrusions indésirables. Ayant dit ça, on croirait benoitement, avoir tout dit. Mais alors quid de la haie défensive ? Elle assure les deux fonctions, tout en éliminant le coût dispendieux de l’installation de la clôture. A ces mots, le jardinier pris ses piquets et ses rouleaux de grillage pour les ramener au magasin.
On nomme haie défensive, une plantation en ligne d’arbustes dont les tiges, les rameaux ou les feuilles sont épineux. Plus ou moins piquante selon les espèces utilisées, elle empêche les intrusions sous peine de douloureuses égratignures. Une haie défensive bien installée, une fois qu’elle occupe un à deux mètres en largeur, s’avère totalement infranchissable, du moins pour les humains. Elle joue alors à la fois le rôle de brise-vue, de brise-vent et de grillage. Pour les budgets serrés, c’est une manière d’économiser l’onéreux coût d’installation de ce dernier.
S’il existe une dizaine d’espèces pouvant servir à constituer une haie défensive, le pyracantha reste la star incontestée du genre. Et pour cause, il a tout pour lui. Des épines énormes et acérées sur lesquelles on s’empale. Un feuillage persistant qui reste dense toute l’année, une floraison vers le mois de mai, tout en longs fourreaux blancs parfumés et méllifères, suivie à l’automne de baies rouges, oranges ou jaunes très décoratives et dont les oiseaux se nourrissent. Il pousse vite et il pousse haut (3m), de manière buissonnante, ce qui assure rapidement une belle largeur. Une taille annuelle, si elle réduit la floraison, garantit une végétation dense. Par contre, c'est une véritable épreuve, durant laquelle on se pique et on se lacère (utilisez deux paires de gants superposées !). Si vous avez la place, faites-le pousser en haie libre, ce qui evitera son entretien. En tout cas, c’est le ténor de la défense !
Le berbéris, ou épine-vinette, est lui aussi muni de redoutables épines qui le rendent assurément infranchissable. Avec ses belles petites fleurs jaunes posées au printemps sur son élégant feuillage pourpre, il est très élégant. Mais c’est un arbuste caduque, ou au mieux, semi-persistant, qui ne peut pas faire office de brise-vue en hiver. Le poivrier du Sichuan, arbuste caduc lui aussi, peu connu mais très piquant, offre l'intérêt de créer une haie défensive productive car les capitules qui portent les baies sont utilisés en cuisine en épice. Sachez que dans le commerce, elles sont vendues très cher.
On trouve à l'état sauvage quelques végétaux épineux adaptés à l'utilisation en haie. Ainsi le prunellier sauvage (Prunus spinosa) un arbuste aux épines très acérées, qui se couvre de fleurs blanches au printemps puis de prunilles dont les oiseaux raffolent en fin d’automne. De même, les bonnes vieilles haies de ronces sauvages font des barrières que sans doute peu d'individus non-suicidaires se risqueraient à franchir. Rarement vendus dans le commerce on ne les trouve quasiment exclusivement à l'état sauvage. Alors vive les boutures... Quoique certaines variétés de ronces fruitières pourraient faire l'affaire, à condition de les laisser suffisamment s'épaissir.
Certains végétaux persistants possèdent des feuilles coriaces et piquantes, comme le célèbre houx, certaines variétés d’osmanthe, ou de mahonia. S’ils ne sont pas totalement infranchissables, ils sont cependant nettement dissuasifs lorsqu’ils s’étalent sur une largeur de deux mètres. Ce sont des arbustes à privilégier dans les situations peu ensoleillées.
Les haies de rosiers forment également d’efficaces remparts, surtout les variétés botaniques très buissonnantes comme le rosier musqué (Rosa moschata). Plus étonnant, le rosier soyeux (Rosa sericea f. pteracantha) à la floraison insignifiante, mais dont les aiguillons plats colorés de rouge qui poussent le long de ses tiges sont très décoratifs… et dissuasifs.
En Provence, on a la chance de pouvoir rallonger cette liste en ajoutant des espèces de végétaux relativement peu rustiques, qui sont difficiles à acclimater dans le reste du pays. Il s'agit en premier lieu de l'agave, dont la masse et la rigidité des feuilles, mais aussi et surtout le redoutable aiguillon qui les termine, fait des murs végétaux qu'il est impossible de franchir. D'autant que la plante arrivée à maturité émet une multitude de rejets traçants qui épaississent chaque année un peu plus la haie (rusticité -12°c). Le figuier de barbarie, un peu moins rustique, se développent en raquettes plates hérissées de milliers de minuscules épines très difficiles à retirer de la peau (on les distingue à peine). L'imposante masse de la plante rajoute un niveau de protection. Enfin, les yuccas gloriosa, dont les feuilles se terminent par un aiguillon épais et coriace, peuvent assurer un rôle défensif s'ils sont plantés avec suffisemment de densité, bien qu'ils aient tendance à se dégarnir du bas. On peut palier à cet inconvénient par la taille.
Cultiver le poivrier du Sichuan, un arbre bien épicé
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La floraison magnifique du pyracantha
Image: bassoon12345-Pixabay CC BY-NC-ND
Le feuillage pourpre du berbéris
Image: Mau_arwhhsgp-Pixabay / CC BY-NC-ND
Prunellier sauvage
Image: Mcalafellvalo-Foter / CC BY-NC-ND
Osmanthe à feuilles de houx
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Rosa sericea f. pteracantha
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