En fin d’hiver, avec les pluies abondantes et les matins humides, le sol peut-être détrempé. Mieux vaut ne pas le travailler avant qu’il ne se soit correctement asséché. C’est mieux pour lui… C’est mieux pour vous.
Trop longtemps confiné dans son antre douillette par le froid hivernal, le jardinier est, au mois de février, généralement impatient d’en découdre. Il veut préparer au plus vite les plates-bandes potagères qu’il compte ensemencer bientôt de son geste auguste. Mais en cette période humide et pluvieuse, il ne faudrait pas que sa hâte lui joue des mauvais tours. Car piétiner et travailler un sol gorgé d’eau est une erreur qui peut se regretter amèrement. Non, pour garder une belle terre, et préserver sa santé, on ne doit pas confondre vitesse et précipitation. Qu’il laisse donc le sol ressuyer.
Au jardin, le terme de ressuyage est l’action qui consiste à laisser sécher. On peut par exemple ressuyer un légume-racine en le laissant au soleil quelques jours après sa récolte afin de favoriser sa conservation. Un sol ressuyé est quant à lui une terre qui a eu le temps d’évacuer les excès d’eau dus à la pluie, par évaporation, en surface, et par drainage en profondeur. Un sol qui n’est pas ressuyé n’est pas propice aux travaux, ni même à la simple circulation du jardinier.
En effet, un sol gorgé d’eau est une matière malléable qui ne demande qu’à se compacter par l’agrégation des différents éléments qui la constituent. La moindre pression exercée par un outil ou un piétinement suffit à écraser les argiles, les limons et les sables qui le structurent, et à les faire adhérer les uns aux autres. Conséquences, les interstices microscopiques qui les séparent, ainsi que les galeries creusées par la pédofaune (vers de terre, insectes, mycélium…) s’aplatissent. Non seulement l’air est chassé, mais comme il ne peut plus circuler, il sera long à revenir. Sans compter que si la terre est argileuse, elle va coller aux outils et aux bottes, et empeser chaque geste. Très compacte, elle sera difficile à émietter, entrainant une préparation du sol grossière et insatisfaisante.
A l’inverse, quand la terre a séchée, les agrégats se détachent lorsqu’on les manipule, ce qui la rend grumeleuse, facile à travailler et par conséquence fertile. Car une terre aérée, par binage ou par griffage, avant la mise en culture permet le passage de l’eau, des éléments nutritifs et de l’oxygène indispensable aux racines, mais aussi aux micro-organismes. Elle facilite également l’expansion du système racinaire. De plus les galeries assurent un drainage efficace de l’eau de pluie en excès, qui, si elle restait stagnante, pourrait entrainer le pourrissement des tissus végétaux. Enfin, quand la terre est désengorgée, elle est suffisamment structurée pour supporter la pression sans trop se déformer.
Si malgré ces mises en garde, un jardinier facétieux, (il y en a…) décidait d’aller travailler son sol, quelques conseils peuvent lui être utiles. Pour limiter le tassement du sol mieux vaut installer sur les cheminements des planches de bois afin de répartir son poids et celui de sa brouette. Qu’il s’abstienne de marcher sur les plates-bandes en travaillant uniquement depuis les allées. Enfin, pour éviter l’engorgement d’eau, il est possible de poser sur les plates-bandes à travailler des tunnels de forçage, qui protégeront le sol de la pluie et, s’ils sont ouverts sur les côtés, accélèreront son ressuyage.
C'est un euphémisme que de dire que les sols provençaux sont argileux. Leur teneur en argile les rend d'ailleurs totalement impropres à la manipulation lorsqu'ils sont gorgés d'eau. Car ils sont alors collants et très lourds, transformant un simple exercice de binage en travaux d'Hercule. Les mottes formées par les outils quels qu'ils soient(bêche, pelle, pioche, griffe, binette, motoculteur, grelinette...) restent grosses et durcissent ensuite comme de la pierre en séchant à la surface du sol. Même le simple cheminement est à proscrire sur les zones de cultures car le tassement est tel que le sol se compact et risque de former une croûte dure pratiquement imperméable, comme lors du phénomène de battance. En Provence plus qu'ailleurs, on laisse les sols ressuyer avant de les travailler ! Pour éviter le tassement des sols et favoriser son aération, encouragez la présence de la pédofaune en les couvrant d'un paillis permanent. En plus des galeries qu'elle creusera, l'humus produit attenuera l'agglomération des argiles.
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