En fin d’hiver, les fèves se sèment suffisamment tard pour échapper aux dernières grosses gelées, mais suffisamment tôt pour bénéficier des meilleures conditions de croissance. Définir la date des semis n’est donc pas toujours simple.
Ni trop tôt, ni tard. Faute de plus de précisions, c’est ainsi que l’on fixe le bon moment pour semer les fèves en fin d’hiver. En effet, un semis trop précoce est sensible aux gelées tandis qu’un semis trop tardif devra faire face aux attaques des pucerons et aux premières chaleurs qui affaibliront la plante. Avouez que le dilemme est cornélien. Malgré tout, puisqu’il faut bien choisir, mieux vaut le faire au plus tôt. Dès lors, en fin d’hiver, quand la météo est favorable, et qu’aucune gelée n’est annoncée à l’horizon, sans hésitation, il faut semer. Car comme le disait Corneille, non pas le chanteur, mais le dramaturge sus-évoqué : « L’occasion est belle, il nous faut la saisir » Horace, Acte II, scène 3.
Les fèves (Vicia sativa) sont des légumes faciles à mener, tant qu’on les cultive au bon moment, ce qui n'est pas évident au premier coup d'oeil. Si elles résistent bon an mal an à de grosses gelées passagères, elles sont détruites pas des températures inférieures à -5°c qui se maintiennent pendant plusieurs jours. A l’inverse, elles n’aiment pas la chaleur et les sols trop secs en début de croissance. Du coup, pour le printemps, leur cycle avant récolte durant environ 3 mois et demi, on les sème généralement entre février et avril. Mais attention, plus elles seront semées tôt, moins elles seront sujettes aux attaques des pucerons noirs, véritable plaie endémique de la fève. Ainsi donc, à condition de prévoir au besoin des remparts contre le froid, il est conseillé de semer les premières fèves entre la mi-février et la fin mars.
Semez en lignes plutôt qu’en poquets espacés, car les fèves étant promptes à s’affaisser sous le poids de leurs gousses, les tiges, plus serrées, se maintiendront ainsi mutuellement. Le sol doit être émietté, sans apport de fumier ou de compost car il s’agit d’une légumineuse qui fixe l’azote de l’air pour assurer sa croissance. Sur des lignes espacées de 40 cm dans un sillon de 4 à 5 cm de profondeur, posez une à deux graines tous les 15 cm. Rebouchez le sillon et tassez légèrement avec le dos d’un râteau et arrosez. Cette mise en terre assez profonde permet d’atteindre un sol un peu réchauffé et constitue une protection contre les gelées que l’on peut renforcer par l’épandage d’un paillis de 2 à 3 cm d’épaisseur. La levée s’effectuera environ une dizaine de jours après.
Dans les régions froides, utilisez des voiles d'hivernage ou de forçage, ou mieux, des tunnels pour protéger vos semis. Maintenez-les en place jusqu’à la fin des risques de gel important. Lors des belles journées, ouvrez les côtés des tunnels pour favoriser le réchauffement et assainir l’air. Au besoin, doublez la couche de paillis quand les plants auront suffisamment poussé.
Lorsque les fèves auront atteint vingt centimètres, buttez-les en ramenant 10 cm de terre autour des pieds de manière à améliorer leur enracinement et asseoir leur stabilité. Plantez un tuteur aux quatre coins de la parcelle et tendez une ou deux ficelle entre eux, tous les 30 cm de haut, afin de ceinturer les fèves. Ainsi lors de grands vents, les tiges seront maintenues et ne s’affaisseront pas. Profitez de l’occasion pour faire un petit apport d’engrais riche en potasse, pour soutenir le grossissement des gousses. Enfin, au moment de la floraison, pincez (ça veut dire couper en langue jardinière) l’extrémité de la tige principale au-dessus de la sixième fleur. Ce geste aura le double avantage de favoriser le développement des gousses, mais aussi de limiter l’apparition des pucerons qui s’installent principalement sur les jeunes pousses du sommet, car elles sont tendres et leur tissus moins durs.
Pour éloigner les pucerons noirs, faites pousser à proximité de la parcelle, des capucines ou des camomilles officinales qui s’en couvriront en lieu et place de vos fèves. En cas d'infestation sur le fèves, pulvériser à deux ou trois jours d'intervalle du savon noir dilué à 5% ( 5 cl pour 1 litre).
Quand on a la chance d'habiter une zone ou les hivers sont relativement cléments, comme en Provence, on effectue en priorité un semis de fève à l'automne. Sauf hiver rigoureux, elles germent en novembre ou décembre, passent les périodes froid au repos, et poussent ensuite très fort dès les premiers redoux. On peut ainsi récolter les fèves en primeur dès le mois d'avril. Arrivées à maturité plus vite et donc mieux armée pour se défendre, cette génération automnale de fèves n'est généralement pas attaquée par les pucerons. Dans l'arrière-pays varois, mieux vaut prévoir un paillis de 5 cm au pied des plants et un voile d'hivernal si des périodes de gel important sont annoncés. A noter que les jeunes plants immergés dans le paillis souffrent bien mois du gel que des plants plus développés. Evitez donc les semis trop précoces d' octobre. Enfin, un semis précoce évitera à vos fèves de subir les chaleurs des fins de printemps qui se prennent pour des mois d'août.
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