Avec la fin de l’hiver, le jardinier adepte des engrais verts a un chantier d’importance à gérer : préparer les parcelles qu’il avait avantageusement ensemencées, en vue des cultures à venir.
Il est malin le jardinier qui au début de l’automne avait semé des engrais verts sur les parcelles inoccupées de son potager. Car pendant tout l’hiver ils ont protégé le sol des intempéries avec leur épais feuillage, empêchant la pluie de le compacter et d’en lessiver les éléments nutritifs. Ils l’ont aéré et ameubli avec leur réseau de racines, ils y ont maintenu une pédofaune active et ont empêché les mauvaises herbes de l’envahir. Et voilà qu’à présent, ils vont gentiment rendre à la terre leur matière organique, pour créer de l’humus, qui va doucement l’amender et la structurer. Après un léger travail du sol, la parcelle sera fin prête pour recevoir les premières cultures de printemps, sans recours au bêchage ou au labour. Pas mal non ?
Selon la rigueur de l’hiver et la ou les variétés d’engrais verts semés, l’aspect de la parcelle sera différent. Car si certaines plantes sont très résistantes au gel comme l’avoine (-13 °c), le sainfoin et le trèfle (-10 °c), d’autres plus gélives comme la phacélie (-6 °c), la moutarde (-5 °c) ou le sarrasin (-2 °c) auront peut-être gelé pendant l’hiver. Vous pouvez donc vous retrouver avec une parcelle entièrement verte, ou à l’inverse, jonchée de plantes mortes, ou bien encore, dans le cas de semis composés de plusieurs espèces, des deux à la fois. Dans tous les cas, ce n’est pas un problème.
Commencez par arracher les engrais verts encore vivants puis mettez-les en tas. Ratissez la parcelle afin de la nettoyer et de récupérer les restes de plantes gelées que vous rajouterez au tas. Les racines mortes encore enfoncées dans le sol peuvent y rester car elles vont lentement se décomposer sur place, en créant de précieuses galeries d’aération et d’infiltration des eaux de pluie. Si certaines mauvaises herbes ont commencé à se développer, sarclez-les prestemment. Emiettez grossièrement le sol avec un croc à fumier ou une griffe afin de faciliter les semis ultérieurs. En fonction de vos projets, vous pouvez soit mener le tas d’engrais vert au compost, ou, si vous ne souhaitez pas cultiver la parcelle dans la foulée, l’incorporer par griffage dans les premiers centimètres du sol. Cette action va contribuer à l’enrichir rapidement. Cependant mieux vaut ne pas prévoir de nouvelle culture avant une quinzaine de jours, période durant laquelle les équilibres souterrains pourraient être perturbés. Attention toutefois de ne pas laisser le sol trop longtemps sans culture au risque qu’avec le réchauffement des températures les mauvaises herbes ne l’envahissent.
La parcelle est désormais prête pour la culture suivante. Procédez à vos semis selon les nécessités de la plante cultivée. Qu’il s’agisse de semis à la volée ou de semis en ligne, vous pouvez, après avoir terminé les éventuelles opérations de ratissage léger et de plombage, utiliser le tas d’engrais vert broyé (ou non) en paillis. Soyez sûr que cette fine couche de matière organique à la surface du sol ne gênera pas la germination de vos graines. Au contraire, il préservera sa souplesse en le protégeant des intempéries et en préservant l’humidité. Quant à sa lente décomposition, elle va contribuer à créer de l’humus, propice au bon développement des plantes.
Pour un retour gagnant des éléments nutritifs contenus dans les engrais verts, il est toujours intéressant de les enfouir dans les premiers centimètres du sol. Mais au-delà de 10 cm, par manque d’oxygène, la décomposition n’étant pas optimale, elle risque de provoquer des carences néfastes aux cultures suivantes.
Fleur de phacélie
Image: 4924546-Pixabay / CC-BY
Fleur de sainfoin
Image: David Mark-Pixabay / CC BY-SA
Fleurs de moutarde
Image: Jasmin Raffaele / CC BY-NC-ND