L’abattage d’un arbre est une opération délicate qui peut nécessiter de faire appel à un professionnel. Il suffit d’en expliquer le mode opératoire pour en prendre conscience. Néanmoins, en respectant un certains nombre de règles, il est possible de faire soi-même. Soyez prudent quand même...
Gonflé d’orgueil et fier de son autonomie, le jardinier qui ambitionne l’abattage d’un arbre doit avoir bien conscience de ses limites. Certes, la théorie dit qu’il suffit de couper le tronc à sa base pour le faire tomber. Mais le sens de la chute n’est pas qu’une affaire de comique et sans une solide expérience, il est rare de faire tomber un arbre à l’endroit exactement prévu. Et voilà comment en l’espace de quelques secondes un joyeux happening sylvicole se transforme en catastrophe. Sans compter que les bucherons du dimanche font de très beaux estropiés du lundi. Sachant cela, quand le terrain est dégagé, on peut toujours avoir envie de tenter le coup…
Lorsque le terrain est dégagé et qu’il n’y a aucun risque de heurter un obstacle, il est possible pour un jardinier novice de se lancer dans l’abattage d’un arbre. Prudent, et afin d’anticiper son repli au moment de la chute, il en a estimé la hauteur, étudié la forme générale et conclut, selon l’inclinaison du tronc, où l’arbre allait tomber. Plus compliqué est de jauger le poids des branches par rapport au centre de gravité de l’ensemble, car elles peuvent selon leur répartition, modifier la course de la chute et faire vriller le tronc. A-t-il prévu également la prise au vent du feuillage qui peut être importante malgré une très faible brise ? Assurément, il est parfois judicieux de commencer par monter dans la ramure pour éliminer un maximum de branches avant d’entrer dans le vif du sujet.
La coupe d’abattage se fait selon des règles strictes qu’il convient d’appliquer pour limiter les risques. Avec une tronçonneuse, on pratique une petite coupe en V, du côté où l’arbre doit tomber jusqu’aux 2/3 du diamètre du tronc. La coupe basse est horizontale, et la coupe haute, en oblique à 45°. Cette entaille est destinée à provoquer la chute et à la guider dans la direction souhaitée. Une fois retiré ce croissant de bois, on se place derrière l’arbre et on commence la coupe d’abattage proprement dite. Elle doit débuter plus haut que l’entaille pratiquée à l’ opposé (au moins 3 cm plus haut). Cette opération crée une zone de rupture appelée charnière, qui fera basculer l’arbre avant que la coupe ne soit terminée. Elle permet à la fois de maintenir l’arbre dans sa direction de chute, sans vriller, et laisse le temps au scieur de se replier. Il ne faut jamais couper cette charnière, au risque de modifier le sens de la chute. Il faut la laisser se rompre d’elle-même à mesure que la chaine se rapproche d’elle. Plutôt que de faire une coupe d'abattage parallèle au sol, on peut démarrer en oblique à une vingtaine de centimètres au-dessus de la charnière en descendant vers elle. Ce talon oblique créé par l’angle de la coupe d’abattage permet à l’arbre de se « rasseoir » en butée sur celui-ci en cas de retour intempestif en arrière. C’est une sécurité supplémentaire même s'il faut un peu d’expérience pour réussir parfaitement ce trait de coupe.
Avant d’entamer une opération d’abattage, pensez d’abord à votre sécurité. Soyez familiarisé avec votre tronçonneuse de manière à ce que son maniement soit fluide. Celle-ci doit être parfaitement affûtée afin que vous puissiez travailler sans forcer, ce qui vous permettra de vous concentrer sur la coupe, la chute et votre sécurité. Ne travaillez jamais seul, et gardez à portée de main un téléphone portable pour prévenir rapidement les éventuels secours. Commencez par nettoyez scrupuleusement et largement le sol autour de l’arbre afin de ne pas trébucher pendant le tronçonnage ou le repli. Ce dernier doit être murement planifié et s’effectuer dans une zone située loin derrière l’arbre. Ne cherchez pas à tronçonner entièrement le fût et laissez l’arbre tomber de lui-même quand il atteint sa zone de rupture au niveau de la charnière. Levez régulièrement les yeux afin de garder toujours un œil sur le tronc et guettez les prémices de son mouvement de chute en avant. Dès qu’il commence à basculer, éloignez-vous rapidement vers votre zone de repli, si possible au-delà de la longueur totale de l’arbre. N’hésitez surtout pas à laisser en place la tronçonneuse en cas de problème.
Même sur un terrain dégagé le recours à un professionnel est envisageable lors de l’abattage d’un arbre penché, mort, malade. La déstructuration des fibres du bois du fait de la croissance irrégulière ou du pourrissement du bois peut en effet de provoquer l’éclatement du tronc au tronçonnage. Et alors là... Sauve qui peut ! De même lorsque sur les terrains en pente le repli n'est pas toujours facile à opérer. N'hésitez pas à déléguer !
Couper une branche d'arbre depuis une échelle : attention danger !
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Découpe de l'entaille, du côté du sens de la chute - (Image: jronaldlee-Foter / CC BY)
La coupe d'abattage à l'opposé de l'entaille et du sens de la chute - (Image: hetrickwesley-Foter -/ CC BY-NC)
Ici on distingue bien la charnière qui s'est rompue d'elle-même - (Image: Foter - CC BY)
Pour mieux comprendre toute l'opération d'abattage, voici une petite vidéo bien faite glanée sur You Tube