Comment calculer la dimension des marches d'un escalier de jardin

Avant d’être beau ou bien intégré, un escalier de jardin doit surtout être praticable. En effet, il est important que l’inconfort du piétinement n’ajoute pas à l’effort de la montée. Le secret de cette alchimie ? Quelques formules savamment troussées qu’il faut connaître absolument.

 

Il n’y a guère que dans les plats pays qu’on ne voit pas d’escalier dans les jardins. Et c’est bien dommage car, comme dirait Clémenceau, « le meilleur moment de l’amour, c’est quand on monte l’escalier ».

 

Créer un escalier dans un jardin : le bon rythme

Dans les jardins en pente, le recours à l’escalier est une nécessité. Si la rampe d’accès, plus ou moins douce, permet l’accès aux machines et aux brouettes aux différents niveaux, l’escalier reste pour les gaillardes jambes du jardinier ou de la jardinière, la meilleure manière de monter ou de descendre. Qu’ils soit en pierre, en bois ou en béton, il s’agit d’un aménagement à la portée de la plupart des bricoleurs. Encore faut-il savoir disposer les marches de manière à ne pas contrarier la foulée et ne pas en faire un « casse-pattes ». L’effort à fournir doit être constant afin que l’allure reste régulière malgré les variations, infimes ou non, de la hauteur escaladée. Un impératif à prendre en compte car une fois qu’il est fait, l’escalier est compliqué à défaire !

 

Escalier de jardin

La simplicité par l'épure

Image: photosforyou (Pixabay)

Créer un escalier dans un jardin : le pionnier

C’est le mathématicien et architecte François Blondel, qui, en 1675, dans son « Cours d'architecture enseigné à l'Académie royale d'architecture » (on voit qu’on a pas affaire à n’importe qui...) est le premier à avoir théorisé cette problématique de l’escalier. Et il constate : « À chaque fois qu'on s'élève d'un pouce, la valeur de la partie horizontale se trouve réduite de deux pouces si bien que la somme de la hauteur doublée de la marche et de son giron doit demeurer constante, et être de deux pieds. » Une formulation absconse que notre glorieux scientifique a résumé de la manière suivante (non moins absconse) : M = 2h + g.

 

Créer un escalier dans un jardin : les calculs savants

En réalité, la formule est simple et se déchiffre de la manière suivante : « M » est la distance moyenne que représente un pas, « h » est la hauteur de la marche (appelée contremarche) et « g » sa profondeur (appelée giron). Ajoutons que l’angle saillant formé par la rencontre entre la contremarche et le giron est appelé « nez de marche ». Dans le problème posé, et de manière communément admise, la longueur d’un pas représente environ 65 cm. La valeur de la hauteur de la marche , multipliée par deux, additionnée au giron, doit donc équivaloir à 65 cm. Ce qui donne les propriétés suivantes à notre escalier :

  • Pour une hauteur de marche de 10 cm il faut prévoir un giron de 45cm de profondeur.
  • Pour 15 cm de hauteur, 35cm de profondeur.
  • Pour 20 cm de hauteur, 25cm de profondeur.
  • Pour 25 cm de hauteur, 15cm de profondeur.
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    Et c’est ainsi que des escaliers raides peuvent être parfaitement agréables à monter, tandis que d’autres, pourtant moins abrupts mais mal calculés, sont durs à grimper.

     

    Escalier de jardin

    Escalier à stations et virage

    Image:Manfred-Antranias-Zimmer (Pixabay)

    Créer un escalier dans un jardin : la marche normée

    Depuis le XVIIème siècle, la réglementation est passée par là, et la hauteur des marches a été normée dans les batiments publics, ce qui donne une base de départ : 17 cm de haut et 28 cm de giron, pour une pente de 30°. Car oui, évidemment, la raideur de la pente entre aussi en ligne de compte et les marches seront d’autant plus hautes et réduites que la pente sera raide. On parle d’escalier courant entre 25° et 45°. De 45° à 75° il s’agit d’un escalier « de machine » et à partir de 75° on bascule carrément dans l’échelle.

     

    Créer un escalier dans un jardin : sur la longueur

    Il s’agit là de données concernant les escaliers à « un pas ». Dans les jardins, où les pentes peuvent être longues mais douces, on peut être amené à aménager des escaliers « à pas d’âne », ceux-là mêmes qui permettaient le passage des animaux domestiques, dont les marches très basses mais très longues nécessitent plusieurs pas pour les franchir. Dans ces cas précis, l’important n’est pas la hauteur de la marche, tant qu’elle reste praticable, mais bien sa profondeur qui doit permettre une marche régulière et cadencée, sans nécessiter de piétinement au moment du franchissement. Il faut donc que les distances et le nombre de pas soient savamment calculés afin de tomber pile sur un rebond au moment de la marche. Tous à vos mètres !

     

    Escalier pas d'âne

    Le fameux escalier à pas d'âne de l'île de Santorin en Grêce

     

    Créer un escalier dans un jardin : dans la largeur

    La largeur d’un escalier n’est pas primordiale, mais elle participe à son cachet. Un petit escalier qui offre un raccourci entre deux rampes lointaines peut se contenter d’une cinquantaines de centimètres de largeur et ainsi s’intégrer harmonieusement à un petit sentier. En revanche, les escalier régulièrement empruntés, surtout lorsqu’ils sont susceptibles de nécessiter le croisement des personnes, requièrent au moins un mètre de largeur.

     

    le point de vue provençal

    Un cas particulier de la Provence est la présence des restanques en pierres sèches qui permettent la culture en espalier sur les terrains en pente. S’il est capital que chacune d’entre elle soit reliée pas une rampe afin de permettre le passage des machines, il est très pratique de disposer d’escaliers en enfilade, si l’on veut raccourcir les distances et se déplacer rapidement de « bancaou » en « bancaou », comme on dit en provençal. Dans les construction en pierre sèche, il n’est pas très compliqué, quoique assez athlétique, de créer des escaliers. Dans ce cas précis, ils peuvent être raides, même proche d’une échelle, afin de permettre un franchissement rapide. Qu’elles soient intégrées dans le mur ou saillantes vers l’extérieur, les marches peuvent être de faible giron, à peine plus large que l’empreinte du pied. Elles doivent néanmoins rester faciles et fluides à emprunter pour ne pas se révéler dangereuses surtout pour les marches saillantes, d’où une chute peut s’avérer brutale !

     

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