ABC du jardinage bio - C comme... C compost jean Pain

Dans le panthéon des jardiniers bio initiés, Jean Pain est une légende. Il y a quarante ans de cela, il mettait au point une technique de compostage permettant des cultures sans arrosage et sans engrais. Difficile à mettre en œuvre, sa méthode n’en pas moins totalement bluffante.

 

Le compost Jean Pain, une recette complexe

Jean Pain, qui n’était pas un paresseux, immergeait dans l’eau 24 h durant, des déchets végétaux fraichement broyés, puis les mettait en tas fortement compressé avec les pieds afin d’initier une décomposition sans oxygène. Au bout de trois semaines, il défaisait le tas puis le remontait cette fois-ci sans tassage, pour que la fin de la maturation soit oxygénée. Ce dernier tas était recouvert d'une protection contre les U-V et la pluie faite avec de la terre ou un paillis épais.

 

Le compost jean Pain, des résultats incroyables

Après 3 mois, au mois de mai, à l'occasion de la plantation des légumes d'été, il épandait son compost saturé en eau sur 7 cm d’épaisseur à la surface du sol, sans toutefois l’y incorporer. Il le recouvrait ensuite d’un épais paillage aéré type paille ou aiguilles de pin qui préservait l’humidité grâce à un processus naturel de condensation durant la nuit. Il plantait ensuite ses légumes directement dans le sol, à travers le paillis et le compost. Jean Pain obtenait ainsi, sous le soleil écrasant de l’arrière-pays varois, des récoltes phénoménales sans aucun arrosage.

 

Le compost Jean Pain, un sacerdoce

Outre sa mort prématurée, c’est sans doute la complexité de leur mise en œuvre qui a plongé les travaux de Jean Pain dans l’oubli. Car pour obtenir des résultats satisfaisants, le premier tas de compost compressé doit mesurer au moins 4 m3, soit l’équivalent de 8 m3 de broyat non tassés ! Ceci laisse imaginer la somme de travail à fournir entre le trempage, la mise en tas successif, l’épandage et la pose du paillis. D’autant plus que l’opération est à renouveler chaque année. Le broyat qu'il utilisait était issu de travaux de débroussaillage qu'il effectuait sur son terrain dans le cadre de la prévention des incendies de forêt. D'où l'autre nom de compost de broussailles.

 

Le compost jean Pain, des visées autarciques

Avec la forte chaleur dégagée par un énorme tas de compost (près de 60 m3) qu'il erigeait tous les deux ans spécifiquement pour les besoins domestiques, Jean Pain fournissait l’eau chaude de sa maison (eau courante et chauffage). Il récupérait aussi le méthane émit lors de la maturation anaérobie (sans oxygène) pour produire son gaz de cuisine et faire rouler sa 2 cv. Depuis quelques années, et l'avènement du jardinage biologique et de l'autosuffisance on redécouvre les travaux de Jean Pain. Une technique qui n'est valable que si l'on est capable de valoriser le méthane émis, par la voie de la méthanisation, car c'est un gaz a effet de serre plus nocif que le dioxyde de carbone.

 

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