Avant d’être ce sympathique insecte au vol gracile que poursuivent les épuisettes, le papillon nait d’abord chenille. Les invasions de cette goulue ravageuse, capable d’anéantir toute une culture, doivent être combattues avec une arme biologique à la mesure de son appétit : le BT.
Le Bacyllum Thuringiensis, ou bacille de Thuringe, plus couramment appelé BT, est une bactérie spécifiquement pathogène pour les larves de lépidoptères. Quand elle est ingérée, elle provoque des lésions qui paralysent leur tube digestif. La larve cesse alors de s’alimenter et meurt en 24 à 48 heures. Il n’est donc actif que sur les jeunes chenilles, les plus vieilles ayant cessé de s’alimenter avant la nymphose, c’est pourquoi il faut toujours traiter au plus tôt.
Le BT agit lorsqu’il est ingéré par la chenille. Sa durée de vie sur la feuille n’excédant pas quelques jours, il convient de le pulvériser lorsque l’on décèle une attaque. Il s’agit donc d’un produit curatif et non préventif, qu’il est inutile de gaspiller à tort et à travers pour protéger à l’avance ses buis contre la pyrale, ses choux contre la piéride ou ses fruitiers contre le carpocapse. Pour une lutte efficace, surtout pour la pyrale du buis ou le carpocapse, on associe le BT à des pièges à phéromones qui vont attirer et capturer les papillons mâles lorsqu’il y a des vols et jouer le rôle de lanceur d’alerte. Dès lors que les premiers mâles sont capturés, cela signifie que les femelles vont arriver dans les jours qui suivent et qu’il faut traiter environ cinq à six jours plus tard. Il est important de comprendre que les naissances ont lieu massivement, par générations entières, et que les attaques sont donc nombreuses, mais étalées sur quelques jours seulement. Par contre il peut y avoir plusieurs pontes, et donc, attaques par an. Trois à cinq entre avril et octobre pour la pyrale par exemple.
Le BT s’applique en pulvérisation sur les plantes afin que les chenilles ingèrent le produit en mangeant le feuillage. Il n’agit que sur elles et n’est donc pas dangereux pour la biodiversité, l’homme ou les animaux domestiques. Les oiseaux et les autres prédateurs ne risquent rien non plus en les avalant. A n’utiliser en revanche que sur les plantes attaquées, afin de ne pas nuire aux autres espèces de chenilles non prédatrices.
La redoutable efficacité du BT en fait le produit de référence absolue pour la lutte biologique contre les invasions de chenille. Comme il se dégrade en quelques jour quand il est exposé au soleil, il est recommandé de l’appliquer le soir ou par temps couvert en portant des gants et des vêtements longs car il peut être légèrement irritant pour la peau.
Si le BT est la seule arme efficace et bio contre les attaques de chenille, en Provence son utilisation se heurte à sa faible durée d'efficience sur les feuillages durement exposés aux U.V. C'est pourquoi il est indispensable de ne pas le gaspiller et de n'effectuer les traitements que lorsque la présence des chenilles a été constatée. En provence, le BT est un produit efficace contre la pyrale du buis ou le carpocapse à condition de bien surveiller ses plantes. En revanche il est plus compliqué à utiliser contre d'autres chenilles comme la processionnaire du pin (arbres trop haut) et le papillon du palmier (difficulté à reconnaitre les périodes de vol). C'est pourquoi dans le premier cas on utilise des pièges à fixer sur les troncs pour capturer les cheniles lorsqu'elles descendent au sol pour s'enterrer et donner naissance au papillon, et dans le second, des nématodes.